#mémoire2
Encore sous lemprise de cette merveilleuse émotion, et grisés par la mélopée quentonnèrent les peuples de lUnité, Jean et ses amis se dirigèrent vers lédifice qui se trouvait au centre de ce monde...
Chacun de ses compagnons de voyage, suivait un autre personnage. Les deux groupes, celui des sept, et celui des vingt-quatre, se suivaient pas à pas. Lorsquils furent parvenus au centre de lédifice, les compagnons de Jean furent dirigés vers une sorte de bulle qui se trouvait à la base dune grande tour...
Jean, voulut connaître quel serait le sort réservé à ses compagnons. Ainsi que tout ce qui pouvait se tramer au centre de la tour. Ceux, qui marchaient à leurs côtés, répondirent que ses compagnons devaient subir, tout comme les peuples, une dernière transmutation. Jean savait que certains de ses compagnons auraient des tâches particulières à accomplir. Ils deviendraient les gardiens de Celui qui sait, le Grand Rêveur... La seule chose quil ne savait pas, cétait comment cette transformation sopérerait.
" Toujours à vouloir savoir le pourquoi et le comment des choses ! Hein Jean ! "
Cette voix ne lui était pas inconnue. Les paroles venaient de sortir de la bouche, dun que jadis il avait connu. Gabriel, Blauberg ! Ils ne faisaient plus quune seule et même entité. Le même sourire illuminait ce visage déternel enfant.
" Te rends-tu compte de ce qui se passe ici ? Je sais que ton chemin a été périlleux. Que tu es parvenu à comprendre certaines choses, comme celle de te résigner à comprendre le sens de la voie. Vois-tu, jétais certain que tu te poserais des questions, même à cet instant ! Naie pas peur des réponses qui te seront données... Même si elles te surprennent ! "
Ils entrèrent dans la tour, laissant derrière eux, les compagnons de Jean. Puis, Jean prit la parole...
" Etes-vous au courant de ce que nous avons débattu dans la navette ? "
Les autres sesclaffèrent de rire...
" Bien sûr que nous savons ce qui sest dit ! Cela est ainsi à chaque fois ! Autrement, il ne serait pas permis quune certaine évolution se fasse ! La seule chose que nous ignorions, cétait ce que tu pensais... seul le Grand Rêveur le sait. Ainsi que les secrets quIl garde en lui, et quIl réserve à celui qui doit le rencontrer ! "
Jean replongea dans la méditation. Il était bien écrit quil se poserait des questions jusquau bout !
Les compagnons de Jean sortirent de la bulle. Ils furent emmenés vers une autre sorte de tunnel de lumière...
Leurs corps ne ressentaient plus aucune sensation. Ils furent guéris de tous les maux qui les accaparaient encore. Lorsquils ressortirent du tunnel, leur apparence physique avait changé ! Ils étaient redevenus plus jeunes quavant. Plus jeunes aussi que ceux qui étaient arrivés les premiers !
Jean demanda quel pouvait être ce prodige, et à quelle fin cela devait servir. Les servants répondirent, que le moment nétait pas encore venu pour répondre aux questions. Seulement, que cette transformation avait quelque chose à voir avec leurs missions futures.
Quand tous furent sortis de cette étrange machine, ils se retrouvèrent dans une grande salle.
Ils se rappelèrent ce quavait été le centre de la navette. La matière qui composait cette salle était la même que le vaisseau ! L'un des plus hardis dentre eux, voulut savoir ce quétait cette matière fantastique. Il approcha un de ses doigts, mais au moment où il aurait dû entrer en contact avec le mur lumineux, celui-ci se déplaça de quelques millimètres. Lhomme, passablement surpris, retenta lexpérience. Rien ny fit. Le mur et la matière resteraient à jamais inaccessibles... Il rejoignit les autres, se grattant la tête... Les autres compagnons navaient que faire de ces questions. Ce qui se passait avait plus dimportance !
Lorsquils furent passés par le tunnel, vingt-quatre restèrent en réserve. Les sept derniers passèrent encore une étape. Dans une autre salle, ils perdirent tout ce qui put être lessence de leurs corps... Ils furent transformés en une sorte de plasma. Maintenant, ils étaient des lumières de toutes les couleurs. Elles étaient les bibliothèques où serait gardé ce qui avait été le processus de leur constitution... Après cela, ils subirent une espèce de bombardement dondes musicales... Ainsi, devinrent-ils dune pureté exceptionnelle... Ils furent prêts pour entendre les derniers enseignements...
Blauberg, Gabriel, leur enseigna ce quils devaient savoir. Cela tenait en peu de chose.
Premièrement, ne jamais tenter de retourner à ce qui avait été.
Deuxièmement, accomplir, coûte que coûte la destiné de la Voie.
Troisièmement, Accepter les ordres de Celui qui sait.
Quatrièmement, ne jamais douter des ordres reçus.
Cinquièmement, ne pas chercher à nuire à lessence de Celui qui sait.
Sixièmement, Garder la mémoire de Celui qui sait, contre les agressions de ses enfants.
Septièmement, Ne révéler les signes, que le moment venu, quand Celui qui sait en donnera lordre.
Cet enseignement leur fut enfoncé au plus profond de leur âme ! Certes, leur sort nétait pas enviable. Ils seraient prisonniers dun ordre servant une autre entité. Encore la force du pouvoir. Mais, ils en acceptèrent le challenge... Ils acceptèrent, car en eux, était la force de la certitude, que lavenir serait à lUNITE, LAMOUR et LA PAIX.
Les vingt-quatre pourraient encore rencontrer des créatures... Sil sen trouvait à rencontrer...
Ils feraient le lien entre ce monde, et un autre qui serait à venir. Ils deviendraient ces anges fabuleux des anciennes écritures. Ils instruiraient les nouveaux prophètes. Ils agiraient sous les ordres des sept, qui eux-mêmes recevraient les ordres de Celui qui sait. Les écritures seraient accomplies... La Voie se poursuivrait dans léternité...
Jean entendait toujours les rires et les chansons de la mémoire des Humanités. Tous ceux qui se trouvaient au-dehors, ne savaient pas ce qui se tramait dans la tour... Ils acclamaient leurs nouveaux Héros. Ils avaient foi en leur devenir...
Les nouveaux gardiens du Grand Rêveur se dirigèrent vers ce qui était encore le Sanctuaire...
Ils découvrirent des sortes de sarcophages de cristal doù irradiait une forte lumière. Ils ne purent savoir ce quils contenaient.
Ceux qui se trouvaient enchâssés dans ces énormes bijoux, avaient une ressemblance avec ceux quils avaient été !
Sans en avoir la raison, chacun sen alla se mettre devant le sarcophage qui le concernait le plus. Ils attendaient lordre. Lordre que souvrent les précieux vaisseaux temporels...
Pendant ce temps, Jean, eut à subir les mêmes transformations que ses compagnons.
Lui aussi devrait se présenter devant une de ces châsses de cristal. Il chercha dans le sanctuaire, un tel sarcophage qui devait lattendre. Il ny en avait pas. Il ne comprit pas ce quil devait faire. Il ne se trouva plus personne pour lui répondre. Ceux qui les avaient amenés dans lendroit, venaient de disparaître à jamais du sanctuaire. Le silence se fit. Alors, une voix se fit entendre, qui venait de derrière des grandes portes de cristal vert...
" Celui qui est parmi nous, a déposé une requête lors de son voyage. Personne na consenti à lui donner le jugement quil attendait. Alors, avant que ne saccomplisse le terme, il vous faut débattre de ceci... Vous, qui êtes les gardiens de mon Rêve, débattez de cette requête... "
Les sarcophages de lumière semblèrent être pris de convulsions. Des flammes froides se dressèrent au-dessus deux, et allèrent se lécher les unes et les autres. Toujours le silence...
Les nouveaux gardiens regardaient ce qui se passait. En silence. Ils ne bougèrent pas. La décision appartenait aux anciens ! Le jugement fut rendu ! Ils avaient eu des évolutions séparées, mais en étaient tous parvenus au même consensus.
Ils accédèrent à la requête de Jean ! Le monde du Grand Rêveur ne serait plus jamais souillé par la matière. Ils avaient le plus grand désir quil fut, que lUNITE restât complète. Le Grand Rêveur devait encore rendre le Sien. Irait-Il dans le sens de la volonté de Jean ?
" Mes petits enfants... Vous qui êtes ma mémoire... Je vous suis reconnaissant de la décision que vous venez de prendre... Jadmets, que celle-ci fut difficile à prendre. Vous venez de renoncer à toutes les tentations qui furent les vôtres. Je suis heureux, que les éternités passées vous aient permis de sortir grandis de cette expérience... La dernière fois, vous maviez laissé le choix. Ensemble, nous avons tenté lunion des deux principes dans un univers qui nétait pas le nôtre. Nous en fîmes tous la douloureuse expérience ! Je suis plus coupable quun autre de cette désolation qui frappa les peuples des univers. Je nai pas su entendre les souffrances de mes enfants. Je ne désirais quentendre prononcer les lettres de mon Nom. Orgueil dun être au-dessus des autres, alors quen fait, il se devait dêtre au-dessous des autres, pour les servir, les nourrir, les faire prospérer dans le bonheur et la félicité... Au lieu de cela, je vous ai fait don de cette arme terrible quest la loi du libre arbitre. Je voulais que vous soyez les seuls responsables de ce que vous décideriez. Javais oublié que jétais la cause de cette loi ! Heureusement, nous avons réussi à nous retrouver dans lUnité. Vous désirez que rien du passé ne se reproduise. Quil en soit ainsi ! Restez attentifs à ce qui va sopérer maintenant. Le moment est venu, que sopère la dernière transformation, celle qui achèvera lunité des deux mondes... "
Les mémoires de lunivers écoutèrent les dernières paroles qui venaient de la bouche du Grand Rêveur. Il y eut encore un grand et long silence... Et dun coup, ceux qui furent la mémoire des peuples de lunivers, tous disparurent dans un grand éclat de lumière... La lumière venait de gagner le combat contre les ténèbres... Les écritures furent accomplies...
Alors, ne resta plus que la tour, le sanctuaire... Et autour, ce que certains nomment le néant lumineux...
Jean se tenait toujours devant la porte de cristal...
" Entre Jean... Avance vers celui que tu cherches. Te voici arrivé au terme de ton voyage. "
Jean pénétra dans le second sanctuaire. Au moment où il traversa les portes de cristal, le premier sanctuaire disparu, lui aussi, dans un éclat de lumière. Les gardiens rejoignirent les autres...
Le grand sarcophage de cristal irisait de mille couleurs. Et puis, à mesure que Jean sen approcha, léclat se fit plus doux. La lumière devint rose doré. Jean put distinguer ce que la lumière cachait. Stella ! Stella, mais sous la forme dune autre. Jean était sûr que cétait elle. Elle, une autre. Toujours elle, qui lavait aidé, soutenu dans les épreuves. Elle quil navait jamais cessée daimer. Elle quil navait jamais cessée de rechercher dans les mondes différents qui abritèrent ses vies. Elle, lui, unis et désunis pour léternité.
Elle, lui, un amour à jamais inachevé, et qui ne durait pas plus que le moment dune vie. Elle, Stella, la messagère aux yeux arc-en-ciel... Enfin réunis ! Au dernier moment. Réunis pour léternité !
Jean ne bougea pas. Il ne voulait pas prendre de risque. Ne pas la perdre ! Pas maintenant, se dit-il. Ce serait trop bête ! Stella, la messagère aux yeux arc-en-ciel, souriait, tout comme elle savait si bien le faire. Elle aussi, resta immobile. Ne pas le perdre ! Pas maintenant...
Le Grand Rêveur leur parla. Il leur dit ce quils devaient savoir des connaissances universelles. Ils furent les seuls à savoir !
" Comprends-tu ce qui se passe ici ? " Lui demanda le Grand Rêveur.
" Maintenant je le sais, répondit Jean... Mais, Une question encore ! Qui se cache derrière ce Nom de Celui qui sait ? Qui est le Grand Rêveur ? "
" Que ne connais-tu pas mon visage ! Au contraire, tu le connais fort bien. Tu nas jamais admis que cela puisse être ! Tous ces voyages navaient quun but. Celui de te retrouver encore devant moi ! Cela ne peut être autrement. A chaque fois, tu la découvres, elle... Il pointait un doigt vers Stella, la messagère aux yeux arc-en-ciel... Tout comme pour toi, elle est aussi ma bien aimée. Elle ta servi de guide dans ces mondes que tu traversais. Elle mentretenait toujours de ton avancement. Elle instruisait tous ceux qui devaient te venir en aide. Cela, sur mon ordre. Je ne pouvais pas laisser la création aller à sa perte. Cela naurait plus eu aucun sens. Iris est issue de mon sein. Elle est comme une mère des mondes. Elle en est la matrice vierge... Pour ce qui est de la guerre entre les principes, sache quil ny en a jamais eu. Iris et moi, avons toujours agi de concert. Nous aussi, devons suivre la Loi. Telle est la destinée... Ecoute, Jean... celui qui parle, et celui qui écoute, sont une seule et même entité. Ton destin est scellé à celui qui parle. Celle que tu nas jamais cessée daimer, est à jamais scellée à toi. Telle est la Loi. Votre union ne sest jamais défaite. De tout temps vous fûtes ensemble pour servir les peuples. De tout temps, et sur tous les mondes qui vous accueillirent, vous fûtes ensemble pour un instant. Ces instants de bonheur étaient le gage du bonheur à venir des mondes. Votre sacrifice se trouve là. Vous ne pouvez vivre cet amour éternel, quen vous trouvant, et vous séparant pour le bien des Humanités. Tout ce qui naît de vous, est la lumière. Cette lumière, un moment divisée, retourne à la lumière. Telle est la loi ! Oui, Jean ! Qui, plus quun Grand Rêveur pouvait te faire vivre et sentir toutes ces aventures ? Javais besoin de toi pour sentir ma création, pour rester en contact avec mes enfants. Ton expérience fut difficile, mais, jamais tu ne renonças à poursuivre ton chemin. Ta constance est maintenant récompensée ! Avance vers lui, Iris. Toi aussi, tu as droit a cet immense bonheur... "
Jean et Iris savancèrent lun vers lautre. Une lumière rose doré les entoura... Lamour et la lumière avaient eu raison des différences. Ils saccrochaient lun à lautre. Ne plus se perdre ! Jamais !
Les cheveux dIris ondoyèrent sous une brise de lumière. La lumière rose doré se reflétait en de milliers détoiles scintillantes. Jean sentait son cur battre, et dans ses veines brûlait un ardent désir. Ils sembrassèrent... Un baiser qui durerait une éternité.
La bulle rose doré prit la forme dune amande. Jean et Iris se transformaient aussi. Ils rajeunissaient de plus en plus. Leurs corps ne se séparèrent pas. Leurs mains restèrent les unes dans les autres...
Le sarcophage souvrit... Celui qui se trouvait en son sein, celui qui parlait et écoutait, avait limage dun homme que jadis on avait appelé Jean, ou Sckrâll tell ey... Lui aussi voulait connaître la paix de son âme. Cétait pour cela quil avait décidé de réunir ce quil avait dissocié... Alors, ce qui avait été limage vieillie de Jean, cet être qui était le dernier Grand Rêveur, se dispersa dans la lumière rose doré...
Iris et Jean, devenus des enfants, enjambèrent la paroi de cristal. Ils sallongèrent lun près de lautre. Leurs yeux ne se quittèrent pas un instant...
La lumière de ce nouveau royaume se rétrécissait peu à peu. Telle était la loi...
Le couvercle se referma sur les deux enfants... Dans la chrysalide, une dernière transformation sopérait de nouveau...
Sil sétait trouvé un petit rossignol pour chanter lhistoire de ce quil voyait, il aurait sifflé un air de liesse. Deux bulles de lumière se mêlaient lune dans lautre. Lune était dune splendeur rouge, et lautre dune splendeur bleue...
Au sommet de la tour, se trouvait un signe. Celui du Grand rêveur. Ce signe là, serait accessible dans une autre éternité. Ce signe serait la mémoire des univers qui sétaient succédés... Et puis, il y avait quelque chose dautre qui restait... Cétait un coffre ! Un coffre qui gardait en son sein, les rouleaux de la Loi. Les rouleaux de la mémoire de Celui qui sait...
Un jour, peut-être, un inconnu réussira-t-il à lire le contenu des rouleaux... Alors, un autre contera cette histoire du grand Rêveur, Celui qui se trouve en chacun de nous, et qui se laisse rencontrer...
Le temps dune vie. La mémoire dune vie ne suffira pas. Seule la quête de lAmour perdu fera que cette histoire se perpétue à jamais...
Johanna et Théodore attendaient Jean...
Johanna surtout...