#mémoire1
AU DELA DE LA MEMOIRE
Chacun était prisonnier de ses rêves. Ils faisaient une sorte dapprentissage...
Parmi ceux qui furent embarqués dans cette merveilleuse aventure, Jean avait décidé que, sept des leur recevraient des connaissances supérieures dans différentes voies...
Pour les vingt-quatre restants, ils garderaient une parcelle de leur mémoire... Pour un avenir lointain...
Ils ne surent pas ce qui les attendrait dans ce nouvel univers. Mais, quelque chose les liait à Jean. Cétait, ce formidable espoir que, quelque chose de neuf serait entrepris. Ils pensèrent quils avaient de la chance dêtre parmi ceux qui furent choisis...
La seule confession que Jean leur fit, fut celle au sujet de la gloire. Jamais ils nen ressentiraient les effets... Ils devraient mettre en arrière, toutes leurs idées préconçues... Cela était de la plus haute importance !
De cet enseignement, ils devaient garder la connaissance de ce pouvoir quils se devaient de rejeter. Dailleurs, ils seraient à jamais oblitérés de la mémoire de ceux qui étaient restés en arrière. Ils nauraient plus quune seule tâche à accomplir. Servir le Grand Rêveur. Le protéger contre toutes attaques quil pourrait subir dans lavenir. Même contre les attaques de sa mémoire.
Les pouvoirs quils reçurent, étaient de grands pouvoirs. Il leur faudrait une immense sagesse, pour en user. La prochaine mission devrait se passer dans des conditions meilleures, que celle qui sachevait dès à présent. Ils deviendraient les nouveaux Maîtres de ce panthéon. Ils lutteraient avec ce seul mot dordre : Unité !
Jean savait que cette tâche était la pierre maîtresse de son action lointaine. Il savait, quil serait soumis à des controverses. Ces controverses feraient choir la continuité de la réalisation. Mais, il avait pleinement confiance en ceux quil avait choisis, pour que cette dernière mission soit réalisée dans les meilleures conditions...
Il cherchait encore à savoir sil ne sétait pas trompé dans ses choix. Quil ne se trouvât pas dans les rangs, un Judas qui ferait chanceler leur fragile édifice dunité.
Certes, ceux qui étaient dans le vaisseau avaient, chacun, des travers qui leur étaient propres. Mais lenseignent quils reçurent devait être suffisant, pour que jamais ils ne replongent dans leur ancienne condition...
Jean savait quil ne pouvait en être autrement. Il fallait que cette petite troupe davant-garde, garde en elle une de ces âmes rebelles. Sans quoi, lavenir ne serait jamais révélé...
Pourtant, il luttait pour que cet avenir ne se produise pas. Il voulait que la Loi soit abolie. Il ne pourrait y avoir une âme qui casse le serment quils firent. LUnité devait être à jamais la Loi. Un seul mot. Un seul article. UNITE !
Le voyage se poursuivit encore pendant un lustre. Un lustre qui passa à une vitesse des plus vertigineuses..
La navette, ainsi que ses occupants, arriva en un point qui semblait être le centre des univers... Fin du voyage. Personne ne sut jamais où se trouvait le terminus... Même celui qui était le Grand Rêveur, ne sut jamais où se trouvait cet endroit. Il avait seulement la faculté de conduire ceux qui devaient sy rendre. Il les conduisait sur une route qui remontait le temps. Ses souvenirs étaient comme un ballon de baudruche qui se gonfle et se dégonfle. Vous remontez le temps, le ballon se désenfle... Vous allez au devant du temps, et le ballon senfle... Un expire, et un respire de la divinité...
La navette était arrivée à bon port...
Cet univers était un univers de lumière. Au centre de ces mondes, se trouvait une sorte de plate-forme qui était tout aussi resplendissante que celle des anciennes écritures !
Ceux qui, depuis le début du voyage, étaient encore plongés dans un épais sommeil, furent enfin réveillés...
Lorsque chacun eut repris ses esprits, et avant quils ne se fondent dans la demeure du grand Rêveur, Jean décida quil était temps, quils se réunissent une dernière fois, pour débattre dune idée quil eut...
Il leur dit, quils avaient une occasion unique de détenir les clefs qui mèneraient les mémoires vers une félicité éternelle. Le monde plus juste, dont chacun avait rêvé, était à leur portée. Ce sentiment, quils ressentaient, avait été aussi celui de ceux qui les avaient précédés dans un passé révolu. Ils avaient été les témoins de ce qui se passa par la suite. Ils avaient une occasion pour que lhistoire ne se répète pas.
" Ce que nous vivons, avait été établi avant que nous naissions sous le soleil de nos mondes. Ces mondes ne sont plus. Ils sont à jamais gravés dans notre mémoire, mais ils ne sont plus ! Ce que nous avons laissé derrière nous, cest une immense mémoire... je veux simplement vous faire comprendre, que ce qui a été, ne doit plus être ! Les erreurs qui ont été commises, le furent, parce quil y eut des êtres, comme vous, qui ne voulurent pas admettre que les choses pussent être changées. Ils ne voulaient pas comprendre quune autre voie pût être suivie. Nous pouvons changer cela ! C'est un enjeu considérable ! Si nous ne choisissons pas cette route, quaucun de nos pères ne surent suivre, il nous faudra recommencer... Avec, en prime, tout le lot de souffrance des mémoires... Si cela est le chemin que la majorité veut suivre, alors je naurais pas dautre choix que de vous suivre aussi ! Noubliez jamais que nous devons garder, intacte, la lumière qui nous guide éternellement ! "
Des discussions tendues se firent entendre dans la navette. Même le pilote de celle-ci, qui pourtant avait su se faire oublier, laissa paraître des signes de mécontentement...
La décision fut prise. Le résultat du vote laissa apparaître une grande irrésolution. Le groupe fut partagé en deux clans...
Enfin, ils sen remirent à lavis du Grand Rêveur...
La navette se présenta sur laire datterrissage. Au travers des hublots, les occupants distinguèrent que, les êtres qui se trouvaient au-dehors, étaient les mêmes que ceux laissés dans le vaisseau-mère.
Les mêmes, mais quelque chose de différent semblait les animer !
Lendroit regroupait toutes les formes des univers. Tous les peuples étaient réunis en un seul peuple. Même ceux dont on n'aurait jamais pu imaginer lexistence...
Les compagnons de voyage se souvirent de la discussion quils avaient eue. Et puis, ils pensèrent à cette arrivée. Ils étaient les derniers à parvenir dans la demeure du Grand Rêveur... Pourquoi ?
La porte de la navette souvrit... Ils entendirent le chant joyeux dhumanités réunies. Les peuples étaient enfin Un ! Lécriture fut accomplie. Les derniers seraient-ils les premiers ?
Chacun des occupants fut reçu par ceux qui semblaient être leurs proches. Jean, lui aussi, eut droit à cet accueil. Il parvint à reconnaître quelques-uns quil avait déjà rencontrés. Ils étaient tous au rendez-vous ! Tous, sauf... Stella ! Ses yeux scrutèrent encore, et il naperçut pas Jubal. Lui aussi était absent. Il ne comprenait pas pourquoi les autres étaient réunis, et que, lui, devait être le seul à ne pas avoir droit à ce bonheur promis...
Une main se posa sur son épaule...
" Ne cherche plus ! "
Cétait le pilote de la navette qui linterpellait. Il avait le visage encore masqué. Il déposa le masque qui le recouvrait... Jubal !
" Jubal ? Mais je croyais que tu étais mort... " Jean le prit dans ses bras... " Tu sais, ta mère et moi... "
" Je sais tout cela !"
" Et ta mère ? Est-elle là ? " Jean cherchait Stella... " Cest la seule qui ne soit pas présente... Mais, je sens sa présence ! "
" Je crois, oui... " Jubal avait lair embarrassé.
" Tu crois, reprit Jean... Le temps nest plus à croire. Est-elle là, oui ou non ? "
" Oui ! " Jubal baissa les yeux...
" Elle tattend. Mais tu as encore des choses à apprendre. "
" Des choses ? Quelles choses ? Ce qui est important, cest que nous soyons réunis. Le reste na pas dimportance ! "
" Ne veux-tu pas savoir ce quil mest arrivé ? "
" Si ! Mais, euh, enfin... " Il cherchait encore sa bien aimée. Elle restait invisible...
" Oui, tu disais ? "
Jubal lui raconta ce quil lui était arrivé. Il navait jamais cessé de chercher la porte des étoiles, cette porte qui devait le conduire à Celui qui sait. Un jour, une lumière étrange lui apparut. Elle lenleva vers cet endroit qui est la demeure de Celui qui sait, le Grand rêveur. Les gardiens lui enseignèrent ce quil devait savoir. Et puis, ils lui firent subir une sorte de réincarnation, sous une forme différente, comme celle que revêtaient les peuples réunis. Il sut que le terme arrivait, et quil fallait être au rendez-vous. Ils décidèrent de venir en aide aux Hommes. La suite, il la connaissait...
" Mais, Stella, ta mère ? "
" Tu dois encore attendre ! "
Jean ne put contenir son émotion. Son père et sa mère étaient présents. Tous ceux qui avaient été avant lui, étaient là. Des souvenirs de sa vie, de ses vies passées resurgissaient. Il ne savait plus ce quil pouvait dire. Silence des émotions intenses...
Et puis, il y eut encore séparation. Le bonheur prit fin. Il fallait que Jean les quitte pour un moment... Ceux, qui avaient été de la même chair que lui, ne se lamentèrent pas. Ils savaient, quun sort particulier serait réservé à Jean. Aucune âme en ce monde ne se mit à pleurer, ni à se plaindre. Au contraire, ils célébrèrent une nouvelle fête...