#Blauberg4

Quelques mois passèrent, sans que Jean repensa à sa visite chez Blauberg... Et puis, un jour, l’image du coffre lui revint à l’esprit. Il était assuré que cette image avait une grande importance. Seul Blauberg pouvait l’aider à résoudre cette énigme. Il se rappelait que Blauberg lui avait intimé l’ordre de ne pas le rappeler. Mais l’image du coffre était omniprésente.

Jean décrocha le vidéophone. Il composa le numéro de Blauberg. Après un moment, l’écran ne laissa voir que les zébrures, signe que le terminal de son correspondant était débranché. Il n’y avait plus qu’une seule solution. Retourner chez Blauberg.

Lorsqu’il fut arrivé devant la maison de Blauberg, Jean eut la surprise de voir que la plaque de cuivre avait été enlevée. A la place il y avait un écriteau. A vendre... Malgré son étonnement, il poussa la grille de fer forgé, et s’engagea sur le chemin. Les volets de sécurité étaient fermés. Il frappa à la porte. Elle resta muette. Plus personne... Il chercha à savoir, si quelqu’un dans le quartier, savait où était parti Blauberg. Personne ne put lui en dire d’avantage. On lui raconta que Blauberg était parti un jour, en laissant Francesse s’occuper de tout. Plus personne n’entendit parler de lui.

Jean se demanda, si ce départ avait quelque chose à voir avec l’expérience... Il se rappela que Blauberg connaissait son nom, alors qu’il ne s’était même pas présenté. Et puis, il ne lui avait pas demandé d’honoraires. C’était curieux...

Il n’eut d’autre solution que de retourner chez-lui. Il avait d’autres chats à fouetter. La naissance du petit était plus importante que le coffre...

Le ventre de Stella s’arrondissait de plus en plus. Un jour qu’ils étaient allés se promener dans le parc, ils s’assirent sous les étoiles...

" Regarde toutes ces étoiles,  dit Jean. Elles sont comme les enfants qui se sont succédés sur la surface du monde. Tu vois, quand le nôtre viendra au monde, une autre étoile s’illuminera dans le ciel. Ce sera, comme si une mémoire se gravait sur la voûte céleste. Et puis, quand il aura fini son voyage sur la terre, son étoile, qui est accrochée dans la nuit, continuera de briller pour l’éternité... "

Stella leva les yeux vers le firmament. Son esprit rejoignit celui de Jean. Leurs yeux étaient fixés sur une partie du ciel. Là haut, une nébulosité naissait... Au même moment, le ventre de Stella se mit à bouger... Elle posa délicatement sa main dessus, et le caressa, comme pour apaiser l’enfant. Jean approcha son oreille. Il put entendre comme le bourdonnement d’une usine. Ses mains se joignirent à celles de Stella. Elles courraient sur son ventre bombé. Et puis, le miracle ! Une petite main se dessina au travers de la peau. La petite main cherchait le contact. Trois mains dessinèrent des signes au travers de l’enveloppe charnelle. Deux mondes séparés communiquaient ensembles...

La douceur du vent tiède s’estompait. Il était temps de rentrer. Ils avaient la tête remplie des images du ciel.

Arrivés devant la porte de la boulangerie, Jean sorti le trousseau de clef. Encore une fois, ses doigts avaient choisi, celle qui avait la forme du cube vert... Il n’insista pas.

Stella s’allongea dans le canapé. Jean alla se servir un verre. Il pensait à la clef...

" Stella, comment il était, le type qui t’a vendu ce bidule ? " Il lui montrait la clef...

" Je ne sais pas moi, ça fait longtemps tu sais... "Elle ne le regardait pas...  " Je l’ai complètement oublié ce type... "

" Mais elle doit bien correspondre à une serrure,  dit-il d’un air sournois... "

" Oui, sûrement, mais je n’en sais pas plus que toi... Oh ! Et puis quoi ? Qu’est-ce qui se passe avec ce bidule ? "

Elle lui arracha la clef des mains, et la jeta sur le sol...

" Viens plutôt me faire un petit câlin. Tu sais, on ne te voit pas souvent, le petit et moi... Tu sais, je crois qu’il aime te sentir au travers de la peau de mon ventre... "

Stella connaissait les mots qui faisaient revenir Jean aux réalités de la vie quotidienne. Le bébé... Il fallait canaliser son énergie sur lui. Ainsi serait-elle assurée, que Jean retrouverait un sens à sa vie. Et puis, s’il devait avoir une mission à faire, il la ferait après la naissance du petit...

Le grand rêveur ©Jean-Paul Leurion 1999-

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